Athènes, décembre 2012 : des impressions
Mon
précédent séjour à Athènes date d’il y a à peine deux mois et sur ce laps de
temps, la situation s’est –encore- aggravée de manière visible. Le nombre de
sans-abris et de mendiants, par exemple, est frappant, alors que 80% des grecs
sont propriétaires de leur logement. Les trottoirs du centre d’Athènes sont
remplis de marchands ambulants qui vendent la production de leurs potagers ou
le contenu de leurs greniers. Les rues et les places sont envahies par les chiens adespotes (sans-maîtres).
A l’exception
de la rue commerçante Ermou (l’équivalent de la Rue Neuve à Bruxelles ou de la
Rue de Rivoli à Paris) et du marché aux puces du quartier touristique de Plaka,
les magasins fermés et abandonnés sont légion. Devant les maisons, des stocks
de bois de chauffage car le fioul est devenu inabordable et le gouvernement
vient d’instaurer une nouvelle taxe sur l’électricité perçue directement à la
source.
A Omonoia,
une petite crèche, surveillée du coin de l’œil par quelques policiers en
faction au centre de la place. C’est bien la seule activité, car plus aucun
café ou commerce ne semble ouvert. A l’exception de quelques kiosques, où l’on
peut trouver, en plus d’une multitude de journaux grecs pro-gouvernementaux, la
presse étrangère. Outre les habituels Financial
Times, International Herald Tribune,
Libération, Le Monde, The Guardian, Die
Welt, … on y trouve également la Griechenland Zeitung et la National Zeitung. La première est
visiblement un journal grec écrit en
allemand, forme contemporaine de presse coloniale. La seconde est un journal
allemand d’extrême-droite[1]…
Froid dans le dos !
Alors que
je m’apprête à continuer ma déambulation vers Metaxourgeio, mon attention est
attirée par le bruit familier d’une
manifestation. Je me dirige donc vers le petit groupe d’une centaine
de personnes. Ne comprenant pas grand-chose
aux slogans et discours, et ne pouvant identifier de drapeau connu, je ne m’éternise
pas et poursuit mon chemin vers Syntagma, la place de la constitution. Sur le
chemin, la police est omniprésente.
Arrivé à
Syntagma, j’y découvre le la patinoire et les décorations de Noël installées
par la mairie... et dont personne ne semble avoir que faire. Quelques patineurs. Un Père Noël passablement
désoeuvré. Des représentants d’une société de télécommunications qui tentent désespérément
de vendre leurs produits. Une équipe de l’université d’Athènes qui effectue des
mesures de qualité de l’air, qui s’est fortement détériorée suite au retour du
bois de chauffage.
Le Costa
Coffee où j’avais bu un café début novembre avant de prendre le bus pour l’aéroport
est fermé. L’entreprise est en passe de quitter la Grèce, tout comme Carrefour
l’a déjà fait il y a plusieurs mois. Je me mets à la recherche d’un autre
endroit pour boire un café et je retrouve la manifestation de ce matin.
Quelques heures de déambulation dans le centre
d’Athènes donnent une énorme sensation de fin du monde. De fin d’un monde. Mais
le peuple grec continue de lutter. Et développe de nouveaux mécanismes de
solidarité. C’est ce que nous avons appris de nos différentes rencontres. Nous
y reviendrons bientôt.
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